• Le site de la pauvreté interieure

    lundi, mai 23, 2005

     

    Mon père

    Après en avoir parlé via des commentaires à droite ou à gauche. Après avoir lu des posts touchant parlant de la mort, également à droite et à gauche (mais pas toujours les mêmes droites et les mêmes gauches) je me suis dit que j’allais faire un post sur mon père, histoire de changer un peu de ton… mais que ça ne vous empêche pas de raconter des conneries dans les commentaires !

    Quand j’étais tout petit, je voyais mon père surtout le week-end (le soir il rentrait trop tard), il rendait tellement service à tout le monde, que pour le voir, il fallait être chez ce tout le monde. A cette époque il était formidable, tout le monde le trouvait génial et il n’avait que des amis… pleins d’amis ! C’est dommage, je n’ai que peu de souvenirs de cette époque, juste quelques images où je l’ai accompagné partout tel un pot de colle.

    A force d’être solide et tellement parfait, il a craqué, dépression et alcoolisme (alcoolo dépendance pour être précis). Cela a duré de longues années, où j’étais réveillé plus souvent par le bruit rauque du vomissement dû à la grande quantité de Whisky bon marché (en plus il avait des goûts de merde… même pas la classe de se saouler quotidiennement au single malt écossais) ingurgitée dès le matin que par… ben que par quoique ce soit d’autre !

    Ce quotidien dura des années jusqu’au jour (un samedi) où il était tellement imbibé que ma mère l’envoya se coucher à midi. Mais voilà, il fallait descendre les escaliers, chose qu’il fit mais un peu rapidement, avec atterrissage la tête dans le radiateur (qui n’a rien eu, coup de bol quand même, va trouver un chauffagiste un samedi après-midi ! ) Le résultat fut qu’il n’a plus touché à l’alcool pendant deux ans ( peut-être même trois), en effet, la chute l’a plongé dans un coma profond qui dura quarante-huit heures, suivi dans coma léger de deux ou trois semaines. Le choc au cerveau ayant été violent, il perdit presque toutes ses facultés mentales (parfois je me dis que je tiens de lui à cette époque), on aurait dit une vraie blonde… voire pire car vachement moins jolie et beaucoup plus chauve ! Une fois sortie de l’hôpital (je ne me souviens plus combien de temps il y est resté, mais cela a duré pal mal de temps) et après avoir perdu pas loin de la moitié de son poids (les filles, si vous voulez maigrir avant l’été, c’est trop tard vous n’aurez plus le temps avec ce genre de régime), il a passé beaucoup de temps dans un centre de rééducation. Puis ce fut le retour à la maison, avec orthophonie intensive pour lui, et formation accélérée en décryptage en tout genre pour nous (ma mère, mon frère et moi). Il progressait de manière inespérée au vu des dégâts dans le cerveau.

    Puis un jour, il recommença à boire. Apparemment tout ça ne lui avait pas servit de leçon : il continuait à boire un whisky de merde ! Du coup, ce fut la déchéance, oublié tous les progrès et les efforts qui étaient fait ! Cette déchéance dura encore quelques années jusqu’à ce qu’on le place dans une maison de retraite semi-médicalisée, car on ne pouvait plus le laisser seul et on ne pouvait pas s’en occuper en permanence !

    Quelques années passèrent, quelques bouteilles aussi ! Puis il fit une embolie pulmonaire.

    Le jour de l’incinération, ben oui, on a décidé de le faire brûler, il allait vite prendre (mais on avait peur qu’il explose). Le jour de l’incinération donc, toute la famille était là, tous ceux qu’on ne voyait plus depuis sa chute (il était pas très sortable, et comme c’est toujours aux mêmes de se déplacer…). Ils étaient tous triste, nous étions soulagés. Je me suis demandé (juste suffisamment fort pour être entendu de mon frère et de ma mère) pourquoi ils faisaient tous une tête d’enterrement ! Nous avons entendu les ils (les frères et sœur de mon père, avec leurs femmes, maris et enfants) parlaient de se faire un restaurant après la cérémonie, sans même nous proposer de les accompagner, à croire qu’ils nous reprochaient de l’avoir mis en maison de retraite et de ne pas nous en être occupé nous même.. Sympa la famille ! Je me suis quand même demandé comment il pouvait tenir dans une si petite urne !

    J’espère ne pas vous avoir déprimé. Toutes ces épreuves, je les ai franchies (je pourrai dire nous) et supportées grâce à l’humour, qui est un sacré défouloir !

    Je pense souvent à ce que je serai si je n’avais pas vécu tout ça, « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » j’ai eu le temps de m’endurcir… peut-être trop ! L’avantage, c’est que je relativise tout plutôt bien (à en faire pâlir Albert de jalousie).

    Cette fois, c’était une note vraiment personnelle, moins drôle aussi ! Tant pis pour vous, vous n’étiez pas obligé de la lire. Vous pouviez faire vivre ça vie au Hérisson pendant ce temps !

    N’ayant pas relu ce texte de peur de ne pas le publier, il est certainement bourré de fautes… à vous de les trouver, ça devient une déformation de vouloir vous faire jouer ;-).

    Histoire de plomber encore plus l’ambiance, une magnifique chanson de Maxime Le Forestier : une bille de verre.




    Après réflexion, et pour éviter de faire une série, je rajoute ce petit texte à la suite de « mon père » :

    Ma mère,

    Je vous ai parlé de mon père, je vais vous dire quelques mots sur ma mère. Rassurez-vous, je ne parlerai pas de mon frère et de mes sœurs (en même temps j’ai pas de sœurs), wouoho ça serait le bonheur

    Durant la quinzaine d’années qu’ont duré les quelques troubles familiaux d’origine paternelle, c’est elle qui a assuré notre éducation (c’est à elle qui faut en vouloir), c’est elle qui a tenu bon pour assurer un minimum de cohésion familiale, et cela malgré le stress de rentrer tous les soirs sans savoir dans quel état elle allait retrouver la distillerie humaine. Elle a tenu pour qu’on finisse nos études, sans le trouble d’une séparation douloureuse, elle a pris sur elle ! C’est quelqu’un de dynamique, intelligent et cultivé (en écrivant cela, j’ai l’impression qu’on n'a rien en commun…) Je ne dirai pas qu’elle n’a que des qualités, parce que ce n’est pas vrai, et la liste de ces défauts est trop longue, alors je vous l’épargnerai !

    Pour accompagner ce petit texte, un grand classique d’Arno c’est imposé à mes oreilles « Les yeux de ma mère »







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